Ce projet, qui a reçu une subvention de 7 708€ dans le cadre des appels à projet du Parc National de la Guadeloupe, vise à mieux connaître les écosystèmes des mares de Guadeloupe pour mieux les protéger.
Un des objectifs principaux du projet est de fournir aux naturalistes et professionnels guadeloupéens une clé d'identification des invertébrés aquatiques de Guadeloupe, utilisable (et indispensable !) pour réaliser des suivis environnementaux rigoureux. Aujourd'hui, il n'existe qu'une clé d'identification pour les invertébrés des cours d'eau. Il y manque en particulier de nombreux Coléoptères et Hétéroptères spécifiques des petits milieux stagnants.
Pour atteindre cet objectif, nous avons échantillonné 26 mares ou étangs répartis sur les deux principales îles.
À cette occasion, nous avons découvert de nombreux genres et espèces nouveaux pour la Guadeloupe, et souvent pour le territoire français. Ces taxons appartiennent à une grande diversité de groupes, par exemple :
Première citation dans les Antilles Françaises pour cet animal colonial, à distribution holarctique, et déjà signalé en 1955 dans d'autres îles des Antilles.
Ce petit Coléoptère est déjà connu de Martinique. Larves et adultes se nourriraient de "graminées" du genre Paspalum.
Nouveauté pour le territoire français, cette espèce est connue de la côte Est des USA, des Bahamas et de Cuba. Il s'agit d'une espèce qui affectionnerait plutôt les milieux légèrement courants et très végétalisés.
Les chenilles du genre Neargyractis, inconnu des Antilles Françaises, ne sont pas identifiables au niveau de l'espèce. Au moins trois espèces sont connues dans cette aire géographique (de Cuba, Puerto-Rico et Floride). La larve du papillon Neargyractis se nourrirait principalement de jeunes racines de plantes, et fabriquerait un fourreau grossier de racines pour se protéger.
La larve de ce "cousin" affectionne les milieux très peu profonds et très fortement végétalisés. Elle occupe des tiges creuses de plante flottant à la surface de l'eau, et se nourrit de brins d'algues et de végétaux flottants. L'espèce est connue du sud des États-Unis, d'Amérique Centrale et d'Amérique du Sud.
De nombreux autres taxons nouveaux ont été trouvés, y compris des espèces probablement nouvelles pour la science, mais en effectif insuffisant pour une description rigoureuse. C'est le cas notamment de plusieurs petits Noteridae du genre Suphisellus. De nombreuses espèces d'invertébrés restent donc à découvrir dans les mares de Guadeloupe ! En revanche, pas de nouvelle espèce du côté des macrophytes, la végétation des mares de Guadeloupe ayant déjà été bien étudiée par le Professeur Jérémie.
Comme nous nous y attendions, les larves d'Odonates sont le groupe qui nous a posé de plus de difficultés d'identification, les critères d'identification n'étant souvent pas stables en fonction du stade larvaire. Cette difficulté a été aggravée par les nombreuses erreurs présentes dans les clés francophones existantes - la qualité des inventaires de libellules de Guadeloupe basés sur les exuvies ne doit pas être au rendez-vous! -.
La clé d'identification que nous sommes en train de préparer devrait donc constituer une mise à jour indispensable pour les suivis environnementaux de ce territoire, y compris sur des groupes pourtant déjà largement inventoriés.
Rédaction: Frédéric Labat, le 07/12/2022
Pour plus d'informations: FREDERIC.LABAT@AQUABIO-CONSEIL.COM
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