Dans le cadre des appels à projet ICRA, l'impact cumulé de deux retenues sur un cours d'eau a été étudié au sein d'un consortium réunissant le SYCOPARC (Parc Naturel des Vosges du Nord), le laboratoire LIVE et l’ENGEES de Strasbourg, le laboratoire CEDETE, le CEREMA et AQUABIO. Ce consortium a permis d'aborder la question complexe de l'impact cumulé des retenues au sein d'une équipe transdisciplinaire, aux approches diversifiées, avec des moyens plus importants que ceux initialement prévus dans le cadre des appels à projet (participation financière de chaque membre du consortium).
Nous remercions Alban Cairault, chargé de mission monitoring et médiation des cours d’eau au sein du SYCOPARC, de nous avoir accordé l'interview ci-dessous dans laquelle il revient sur le déroulement de cette étude.
Quel était pour vous l'objectif principal de cette étude ❔
Le suivi de travaux de restauration écologique est une science ne disposant pas suffisamment de retour d’expérience. Particulièrement sur les petites rivières dites de têtes de bassin versant et encore plus sur substrat gréseux, particularité du site d’étude. L’étude menée permet de réaliser un bon état des lieux de l’état initial avant travaux de restauration de la continuité écologique sur trois digues dont deux d’étangs dans le fond de vallon d’un ruisseau : le Soultzbach.
Dans le consortium (SYCOPARC- CEREMA - laboratoire CEDETE - laboratoire LIVE ENGEES - AQUABIO) quel rôle avait AQUABIO ?
AQUABIO avait un rôle d’articulation, en effet AQUABIO a réalisé des suivis biologiques dans le milieu lotique, synthèse entre autres, des conditions mésologiques. Ainsi qu’une analyse de l’état des milieux stagnustres via l’indice BECOME, levant le voile sur le fonctionnement de ses milieux trop souvent aveugles quand on évalue leur impact sur la rivière. C’est le trait d’union par lequel se raconte l’histoire d’une petite rivière forestière chantante qui participe à la vie socio-économique d’un village.
Le Trautbach, cours d'eau ayant servi de réfèrence
Un des deux plans d'eau diagnostiqués
Qu'est-ce que l'expertise d'AQUABIO a permis de conclure dans cette étude ❔
Les analyses ont permis d’évaluer la non-efficacité des indices macrophytiques dans le cas de ses petites rivières sous couvert forestier des Vosges. Les compléments d’étude sur les traits écologiques et les guildes écologiques sur les compartiments diatomées et invertébrés ont permis de mettre en lumière l’impact des plans d’eau sur les rivières au-delà des indicateurs d’état. Et surtout, l’indicateur BECOME nous a permis d’observer que l’impact des retenues n’est pas uniquement lié à leur surface, leur volume, leur type d’alimentation ou l’ouvrage de sortie d’eau, mais bien au type de gestion du plan d’eau et son état fonctionnel suivant les métriques de l’indice.
Pour vous, l'indice BECOME a-t-il fortement contribué à ces conclusions ❔
L’indice BECOME nous oblige à faire un pas de côté quant à la gestion de nos milieux. En effet, en complément de la restauration des milieux lotiques, il nous faut maintenant avoir un regard plus fin sur la gestion quotidienne des milieux stagnustres. Pas uniquement de leur morphologie, mais plus concrètement sur le type de rempoissonnement, le type de pêche et d’intrants. Cela participerait concrètement à la préservation et/ou l’amélioration des espèces d’intérêts communautaires et au retour souhaité de nos milieux aquatiques au bon état. Bien que moins visible, cette médiation semble devoir à nouveau faire partie intégrante du travail collectif.
Quels-sont les projets à venir du Sycoparc suite aux résultats de cette étude ❔
Le Parc Naturel Régional continue de travailler sur la fonctionnalité des milieux, soit par le biais de travaux de restauration soit par la médiation, travail de l’ombre indispensable à l’accompagnement de l’ensemble des pratiques jouant un rôle direct ou indirect sur ce bien commun.
(Re)découvrez les autres surprises que nous ont réservé les résultats de cette étude ICI.
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